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conséquence le 15 août une protestation motivée à Dupleix, au Conseil de Pondichéry, à Chanda S. et à d’Auteuil. Voici la lettre qui fut envoyée à celui-ci par le capitaine Gingins :

« Comme par un acte daté juillet 1750 tout le pays de Trichinopoly avec ses places et ses dépendances a été donné à l’honorable Compagnie des marchands trafiquants aux Indes Orientales, en conséquence de cette concession ce pays est devenu la propriété de l’honorable Compagnie d’Angleterre ; ainsi elle en a pris possession. Pour que vous n’en prétendiez pas cause d’ignorance, je vous le fais savoir et même proteste contre toutes les hostilités que les forces françaises font ou feront contre ladite contrée par eux-mêmes ou en conjonction avec Chanda S., l’ennemi déclaré de notre nation. »

La lettre de Saunders à Chanda S. indiquait les motifs de cette cession : « pour de l’argent que l’on a prêté d’ici au nabab Anaverdi Kh-Bahadour [Mahamet Ali], il m’a donné en gage l’année dernière le royaume de Trichinopoly et la forteresse ».

Il était difficile d’énoncer avec plus d’assurance des contre-vérités. En juillet 1750, Nazer j. vivait encore. Aux yeux mêmes des Anglais, il était le seul maître du Décan ; et lui seul avait qualité pour concéder un territoire quelconque ; or on a vu avec quelle obstination il s’était toujours refusé à souscrire à la cession de St-Thomé, Ponnamally et Trivendipouram. Pourquoi se fut-il dessaisi de Trichinopoly qui valait mieux ? Quant à Mahamet Ali, le vassal ne pouvait avoir plus de droits que le maître, et eut-il contre toute logique consenti à l’hypothèque invoquée par Saunders qu’elle n’avait aucune valeur. La vérité était que l’acte en question était purement imaginaire. Dupleix ne manqua pas de le faire observer aux Anglais et se retrancha à son tour derrière le firman du