Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tamment de résigner le commandement. Il n’y avait malheureusement aucun officier capable de le remplacer ; le seul qui put commander, Prévôt de la Touche, était en France en mission depuis le mois de février 1751. Dupleix répondit à d’Auteuil qu’avant de penser à se retirer, il devait songer à l’honneur de la famille et à son propre intérêt qui seraient compromis par cette sorte de désertion : quant à ses officiers, s’ils hésitaient à servir, ils pouvaient revenir à Pondichéry, leur démission serait acceptée. Ce n’était pas dans son intérêt que Dupleix faisait la guerre, mais dans celui de la Compagnie et de la Nation (Lettre du 13 juillet) : il fallait que chacun en fut bien convaincu.

Ces faits connus de toute l’armée ne contribuaient pas à y entretenir un excellent esprit. Faute de direction, personne n’obéissait plus, et les soldats n’étaient pas les plus indisciplinés. Même désordre dans l’armée de Chanda S. Nos officiers manquaient de respect au nabab et l’interpellaient en termes désobligeants : ses propres cipayes, mal payés, refusaient de lui obéir et on dut les faire passer sous le commandement de Chek Assem. Comment, dans ces conditions, porter des coups décisifs ? Un jour pourtant Chek Assem se résolut à poursuivre l’ennemi et lui infligea des pertes assez sensibles (17 juillet) ; quelques jours après, malgré les hautes eaux du Coléron, il trouva le moyen de passer le fleuve à la suite des Anglais avec quelques cavaliers et cipayes et trois pièces de canon ; mais ces deux exploits il les accomplit sans prendre d’avis de d’Auteuil. C’était une dure leçon pour notre commandant : « Ne valons-nous donc pas ce Chek Assem ? » lui écrivit Dupleix le 5 août.

Si infructueuse au point de vue militaire qu’ait été l’affaire de Valconde, elle n’en produisit pas moins