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arboré au nom de Chanda S. (3 juin). « Faites-leur sentir la faute essentielle qu’ils ont faite, » écrivait Dupleix à d’Auteuil le 7 juin (A. V. 3747), en pensant que les Anglais seraient blâmés par leur gouvernement.

Après s’être assuré cette base d’opération, Gingins continua sa marche, il reçut entre-temps un renfort de 4.000 cipayes de Mahamet Ali et de 100 européens du capitaine Cope. Il arriva ainsi devant Valconde, place forte assez importante, située à 50 milles de Goudelour et à 40 de Trichinopoly.

Ni d’Auteuil ni Chanda S. ne pouvaient songer à l’arrêter ; il y avait dans leur armée une débauche effroyable et une très grande confusion, et les deux chefs n’étaient guère d’accord que pour ne pas agir. D’Auteuil passait son temps à demander des conseils. Or, à son départ de Pondichéry, il avait été réglé de vive voix que, dans la conduite des opérations, il devrait s’inspirer des circonstances. À quoi bon toutes ces consultations ?

« Il y a longtemps que je le dis, lui écrivit Dupleix le 21 juin ; si on avait voulu me croire, les diversions que j’avais proposées auraient fait au mieux, surtout celle du Nord. On s’en est moqué ; à quoi sert de me consulter ? Je ne dirai plus mot et mon unique souci sera de fournir de l’argent autant que je le pourrai. À vous le soin du reste. Je vous prie même de ne pas me parler de vos opérations que lorsqu’elles seront faites. Les sentiments changent tellement d’un moment à l’autre que ce que vous me marquez dans une lettre est détruit par une autre. »

Quant à Chanda S., Dupleix l’accusait formellement de manquer de fermeté et de se laisser tourner la tête par les premiers contes qu’on lui faisait. Si sa cavalerie avait voulu marcher, les opérations eussent été vite terminées. Mais, disait Dupleix, « il est difficile de faire entendre raison à ces gens-là. »