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§ 7. — La marche sur Trichinopoly.

(Mai-septembre 1751)
Nouvelles et dernières négociations avec Mahamet Ali.

La distance à vol d’oiseau de Gingy à Trichinopoly est de 180 kilomètres et jusqu’au bord du Cavery où celle-ci est assise, nulle rivière, nulle montagne, nulle colline même ne barre la route. La plaine n’est coupée que par des bouquets d’arbres qui en rompent la monotonie. La marche y est aisée et n’est pénible qu’au mois de mai et au mois de juin, sous l’effet du soleil ou des vents de terre qui répandent dans l’air une poussière de sable des plus fatigantes. Mais aucun de ces désagréments, dont nous nous plaignons aujourd’hui, ne semble avoir incommodé les hommes du xviiie siècle ; en aucune de leurs lettres, il n’est question de leurs ennuis ou de leurs souffrances. On marche et l’on peine comme si l’on était insensible aux contrariétés de la nature.

L’armée mit plus de trois mois à arriver jusqu’au Cavery. Le 24 mai, Gingins n’était encore qu’aux environs de Trivady et Chanda S., à Tirnamallé, à quelques 50 milles de distance l’un de l’autre. Mais les jours suivants l’ennemi gagna du terrain, tandis que Chanda S. et d’Auteuil ralentissaient leur marche et faisaient même une halte de 10 à 15 jours pour payer les cipayes et mettre un peu d’ordre dans leur armée. Gingins en profita pour s’emparer de Vredachalam[1], où le pavillon français était

  1. Vredachalam, place sans grande importance au xviiie siècle, est aujourd’hui une agglomération plutôt qu’une ville de plus de 9.000 habitants.