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Saunders y envoya le 19 mai le capitaine Gingins avec de nouvelles forces[1]. Cope, qui opérait du côté de Madura, reçut en même temps l’ordre de revenir sur ses pas. C’est évidemment là que les Anglais s’attendaient à être attaqués.

Ce n’était pourtant pas le désir ni l’intention de Dupleix. Jusque vers le milieu d’avril il avait été occupé à achever la pacification du Carnatic. Depuis la bataille d’Ambour, l’anarchie la plus complète régnait dans le pays ; personne ne savait qui était nabab ou soubab ; les maîtres du pouvoir s’y succédaient avec une terrifiante rapidité et, dans la confusion qui en résultait, chaque petit seigneur, prétendant plus ou moins au titre de nabab, cherchait à se rendre indépendant, c’est-à-dire à ne payer de tribut ou d’impôt à personne. La descente de Nazer j. dans le Carnatic n’y avait pas rétabli l’ordre ; elle avait affaibli l’autorité de Chanda S. sans consolider celle de Mahamet Ali. Lorsque le nabab eut été tué, il fallut une nouvelle campagne pour reprendre Arni, Chettipet, Vandischva et d’autres places qui réclamaient leur autonomie. Le capitaine La Tour fut employé à ces opérations plus ingrates que malaisées. Enfin la chute de Chettipet et de son chef Mirsoutou, qui eut lieu le 14 ou le 15 avril, entraîna la soumission du nabab de Vellore, Mortiz Ali, et tout le Carnatic, à l’exception de Trichinopoly, obéit à Chanda S.. Le moment paraissait venu de faire contre cette place un effort décisif.

Avant toutefois de se mettre en marche, Dupleix proposa un moyen terme. Il s’agissait d’après lui d’opérer d’abord du côté de Madras avec un fort détache-

  1. Est-il besoin de dire que Mahamet Ali s’était engagé à payer toutes les dépenses des Anglais ; au mois d’avril il leur avait déjà versé 1572 pagodes.