Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’échiquier politique un prince que les Anglais avaient affecté de méconnaître, pouvait les mettre dans l’embarras ; Salabet j., son successeur, n’était pas un usurpateur. Frère cadet de Nazer j., il avait tous les droits à la couronne. Mais c’est nous qui la lui avions donnée : les Anglais commencèrent également par l’ignorer. Il y avait, comme on le sait, un autre frère de Nazer j. et de Salabet j., plus âgé qu’eux, qui résidait à Delhi, où il remplissait à la cour une charge importante : c’était Gaziuddin khan. Ce prince n’avait pas fait acte de prétendant après la mort de son père Nizam oul Moulk, mais il se réservait de faire valoir éventuellement ses droits. Avant même de savoir la mort de Muzaffer j., il avait envoyé à Mahamet Ali un firman du Mogol et un paravana personnel par lesquels ils le reconnaissaient l’un et l’autre comme nabab d’Arcate (mars 1751). Ces actes, en admettant qu’ils fussent authentiques, donnaient au pouvoir de Mahamet Ali une apparence de régularité : en continuant à le soutenir, les Anglais restaient ou paraissaient rester dans la légalité. Conformément à leurs délibérations du mois de janvier, ils renforcèrent donc la garnison de Trichinopoly de 280 européens et 300 cipayes, qui encore une fois furent mis sous les ordres du capitaine Cope.

Occupé à ce moment à consolider ses succès du côté d’Arni et de Chettipet, Dupleix affecta de ne pas saisir la signification de ce mouvement, et il continua à causer avec Mahamet Ali, comme s’il avait une confiance absolue dans l’issue des négociations. Il conseilla même à Salabet j., le nouveau maître du Décan, de ne point décourager Mahamet Ali par des propositions trop dures et celles du mois de janvier lui furent renouvelées, au début d’avril. Dupleix se trouvait à ce moment à Gingy, où il était allé