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Devant des déclarations aussi formelles, Saunders n’hésita pas un instant ; par délibération du 20 janvier, confirmée le 28, le Conseil de Goudelour décida à nouveau de donner tout son appui à Mahamet Ali.

Cependant Saunders ne s’engageait pas dans le conflit avec beaucoup d’enthousiasme. Il n’avait pas de grandes forces à sa disposition ; d’autre part il n’était nullement assuré d’être soutenu en Europe. De même que la Compagnie de France, celle d’Angleterre était opposée à toute action politique pouvant la distraire du commerce et Saunders lui-même partageait ces sentiments ; lui aussi ne croyait pas que la guerre fut conforme aux intérêts des deux compagnies.

« Nous devons reconnaître, écrivait-il à Londres le 18 février 1751, que si les Européens n’étaient pas intervenus dans ces affaires, mais avaient laissé les princes indiens vider seuls leurs querelles, cela eut infiniment mieux valu pour le commerce. Mais, ajoutait-il aussitôt, comme les Français se sont mis en possession de plusieurs districts étendus et qu’ils ont hissé leur drapeau jusqu’aux limites de notre territoire et qu’ils s’efforcent d’entourer nos établissements de telle manière que nous ne puissions plus recevoir ni provisions ni marchandises, il a été jugé nécessaire d’essayer d’entraver leurs projets qui, en cas de succès, feraient qu’en temps de paix notre situation serait pire qu’en temps de guerre…

« Les Français tâchent de s’établir dans les places les plus convenables de la côte et jettent les bases d’un commerce avantageux sans le moindre égard pour les intérêts de leurs voisins. Autant que nous le pourrons nous ferons tout pour y mettre obstacle. » (Public. To England, vol. 18. Lettre du 18 février 1751, § 23 et 62).

La question ainsi posée, il était difficile que Saunders fut désavoué, d’autant que par prudence ou habileté, il avait pris soin de déclarer qu’il entendait soutenir