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On comprendra que dans ces conditions Mahamet Ali ait préféré courir le risque de négociations laborieuses que le sort des armes pouvait faire tourner à son profit. C’est tout le secret ou plutôt toute la raison des conversations qui se déroulèrent depuis le mois de janvier jusqu’au moment où les hostilités furent franchement reprises au mois de mai suivant.

Mahamet Ali, il faut en convenir, joua son jeu dans cette partie avec une habileté consommée. En même temps qu’il négociait avec Dupleix en lui donnant avec une émotion communicative l’assurance de ses dispositions pacifiques[1], il prenait ses garanties du côté des Anglais et s’apprêtait avec leur concours à nous résister à main armée.

Les Anglais, on vient de le voir, avaient déjà résolu de lui envoyer de nouveaux secours par délibération du 28 décembre 1750. Lorsque se produisit la médiation Janogy, Mahamet Ali tint Saunders au courant de toutes les négociations avec Dupleix et lui fit savoir qu’il n’y répondrait qu’après avoir obtenu son avis. Si on l’abandonnait, il lui serait impossible de continuer la guerre et ce serait le triomphe des Français ; dans le cas contraire, il était décidé à aller jusqu’au bout. De la réponse qui lui serait faite de Goudelour dépendrait toute sa conduite.

  1. Mahamet Ali avait lui-même demandé et obtenu de Muzaffer j. qu’il promît de ne point lui demander compte non plus qu’à ses frères des revenus dus par sa famille pour le passé — et ils ne s’élevaient pas à moins de 80 millions de livres, — lui garantît sa mansbdarie et lui donnât des emplois honorables, à lui et à ses fils. Dupleix s’était porté garant que ces promesses seraient tenues. « Je ne puis, lui écrivait Mahamet Ali, être persuadé de la réalité des promesses que le nabab me fait qu’autant que voulez bien en être caution, parce que je me fie plus à une seule de vos paroles qu’à toutes les promesses et assurances de la Cour et que j’estime infiniment plus les lettres que je reçois de vous que tous les écrits de cette cour. » (V. citation dans la lettre à Saunders du 18 février 1752).