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§ 6. — Les premières négociations avec Mahamet Ali.

Telle était la situation lorsque Dupleix, ayant pris congé de Muzaffer j., attendait une réponse aux propositions qu’il avait faites ou transmises à Mahamet Ali. L’intervention gracieuse du chef marate Janogy dans les premiers jours de janvier 1751 lui permettait d’espérer qu’elle serait favorable. Il y eut des heures graves dans la destinée de Dupleix, il n’y en eut pas une plus décisive. Si, après avoir triomphé de Nazer j., il parvenait à régler à son avantage la question de Trichinopoly, c’était la sécurité complète. Rien, pas même une intervention anglaise, ne pouvait nous enlever le fruit de nos victoires. Encore fallait-il que ce point noir disparut de l’horizon.

Lorsqu’on examine longtemps après des événements qui n’ont pas réussi, il est facile de dire comment d’après d’autres calculs ils eussent pu mieux tourner. Le difficile est de faire ces calculs au moment opportun. Nul doute que si au lendemain de la mort de Nazer j. Dupleix avait consenti à reconnaître Mahamet Ali comme nabab de Trichinopoly, Madura et Tinnivelly, comme son intérêt le lui commandait, il eut pu établir une paix solide dans le sud de l’Inde et tout l’avantage eut été pour la nation. Mais ce n’est point ce qu’il proposait par l’intermédiaire de Janogy. Ses préventions contre la famille d’Anaverdi kh., si légitimes fussent-elles, continuaient d’inspirer sa politique et il ne proposait en somme à Mahamet Ali que la remise de ses dettes familiales et lui demandait en retour l’évacuation de Trichinopoly.