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pour Nazer j. Le temps des atermoiements était passé. On ne pouvait plus nous abattre que par une coalition.

Le nouveau gouverneur, Thomas Saunders, était arrivé à Goudelour le 28 septembre et celui-ci était vraiment un Anglais : froid et méthodique, il ne s’embarrassait d’aucun scrupule et n’attendait pas les ordres de son gouvernement pour agir. Avec la conviction qu’ont tous ses compatriotes de leur supériorité sur les autres nations, il commençait par réaliser ses desseins, puis, s’il avait le temps, il en cherchait les raisons juridiques. Saunders n’était assurément pas un bavard ni un idéologue. Il vit tout de suite à quoi tendait la politique de Dupleix, c’est-à-dire à l’anéantissement du commerce anglais, et sans plus tarder, il écrivit à la compagnie d’Angleterre, dès le 13/24 octobre :

« Les Français, pour pouvoir exécuter plus facilement leurs projets, prétendent qu’ils agissent comme partie principale et se plaignent que nous assistions Mahamet Ali… Nous vous assurons que nous aurons toujours soin de ne pas embrouiller les affaires par des mesures irréfléchies, mais nous ne pouvons pas cependant perdre de vue qu’il repose sur nous de faire échouer leurs projets, qui, s’ils réussissaient, aboutiraient à la ruine de notre commerce à cette côte. » (Public. to England, vol. 18).

Saunders envoya en conséquence un nouveau vaquil à Nazer j. pour le décider à sortir de sa torpeur. Celui-ci, qui s’était alangui pendant plus de quatre mois à Arcate, s’était enfin décidé à descendre dans le sud du Carnatic, mais il marchait à petites journées, tout en négociant avec Dupleix. Il reçut en audience le vaquil de Saunders et lui donna les plus sérieuses espérances d’une entente avec les Anglais.

Sa défaite et sa mort survenues le 16 décembre, jetèrent à nouveau le Conseil de Goudelour dans le plus grand