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le mettre et à le laisser dans le plus cruel embarras. Il ne savait à quoi se décider et tout en sympathisant avec Mahamet Ali, il n’osait cependant lui prêter un concours effectif. Son remplacement ou plutôt sa disgrâce qui eut lieu sur ces entrefaites, jeta encore plus de trouble dans les esprits : on interpréta sa chute comme un désaveu de la politique d’intervention et le major Lawrence lui-même qui remplit l’intérim du gouvernement du 22 juillet au 28 septembre, hésita d’abord à se jeter franchement dans la lutte au moment où il eut été le plus nécessaire d’agir énergiquement contre les Français en août et septembre 1750. Dupleix a décrit ces hésitations dans sa lettre à Saunders du 18 février 1752.

« Les divisions continuaient dans l’armée combinée ; les réflexions que faisait sans doute M. Lawrence sur la conduite que sa nation tenait envers la nôtre le gênaient. Les promesses et, si vous le voulez, les dons et présents ne faisaient leur effet que dans l’instant ; le repentir et la crainte suivaient de près. L’on craignait avec raison d’être puni de ces diverses levées de bouclier contre nous. Les lettres du Dr Lawrence et du conseil de ce temps prouvent la vérité de ce que j’avance ; vous les avez ; vous pouvez les lire ; vous y trouverez les peines inutiles qu’on s’y donne pour couvrir les opérations de nos troupes. Tout y est tiré par les cheveux et jamais on n’a su répondre à nos objections. Soit enfin cette crainte, soit toute autre raison que je puis ignorer, puisqu’elles ont dû être secrètes pour moi, vos troupes abandonnèrent tout à fait Mahamet Ali le 28 août. »

Nous en profitâmes pour gagner du temps et du terrain en détruisant l’armée de Mahamet Ali à Trivady (31 août) et en nous emparant de Gingy (12 septembre). Après la prise de cette ville qui consacrait nos succès et ouvrait à notre activité un champ illimité, nous étions devenus un danger véritable pour les Anglais, pour Mahamet Ali et