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Il n’est pas du reste certain que Lawrence et Westcot aient jamais reçu de Nazer j. mandat de se charger d’une pareille mission ; car le faible effectif qu’ils amenèrent avec eux et dont ils laissèrent le commandement au capitaine Cope parut si dérisoire que le soubab ne voulut les recevoir ni l’un ni l’autre et les laissa retourner à Goudelour, sans leur accorder la faveur d’une audience. Les Européens comptaient alors fort peu et Nazer j. avait d’eux une défiance toute particulière.

On le vit bien peu de temps après lorsque le soubab ayant eu l’heureuse fortune de faire Muzaffer j. prisonnier, considéra que les affaires de la côte Coromandel ne l’intéressaient plus et s’apprêta à se retirer dans le Décan. Les Anglais lui envoyèrent un vaquil, Agy Abdelady, pour lui offrir leurs services mais en même temps lui demander quelques faveurs, notamment la cession de Ponnamally. Ces demandes furent rejetées avec dédain et renvoyées à Mahamet Ali qui n’avait aucun pouvoir pour rien décider. Abdelady fut mis sous garde sûre sans pouvoir correspondre avec personne et n’obtint son élargissement que sous la condition de ne plus reparaître au camp. Les troupes anglaises qui étaient prêtes à partir restèrent à Goudelour.

Cependant Dupleix s’était emparé de Trivady et de Villapouram. Mahamet Ali pensa que dans cette occurrence il pourrait bien proposer lui-même aux Anglais la cession de Ponnamally, s’ils voulaient lui donner des forces suffisantes, non plus seulement pour garder Trichinopoly, mais conquérir tout le Carnatic. Floyer, qui reçut ces propositions, était un homme timide et irrésolu. L’incertitude des droits exacts des parties, le doute sur les jugements qu’on porterait en Europe, la crainte d’un désaveu dont le menaçait Dupleix, tout concourait à