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arriva avec son armée et ce fut au contraire la nôtre qui dut se replier sur Pondichéry[1].

Les Anglais profitèrent de notre déconvenue pour réaliser un projet qu’ils méditaient depuis quelque temps, comme réponse à nos acquisitions de Villenour, de Bahour et des 81 aldées de Karikal. Sur les limites de leur établissement de Goudelour, à 7 kilomètres et demi à l’ouest de cette ville, se trouvait une importante aldée du nom de Tiruvendipouram[2] que Chanda S. nous avait donnée en gage des avances reçues de Dupleix.

Notre courtier Ananda Rangapoullé en avait obtenu le fermage pour la somme de 12.000 rs. et le drapeau blanc, c’est-à-dire le drapeau français, était arboré sur l’aldée principale sous la garde de quelques pions à notre service. En dépit de ces preuves de notre prise de possession, le gouverneur anglais Floyer vint le 10 mars au matin avec 50 soldats abattre le drapeau français, arborer celui de l’Angleterre et proclamer que désormais la ville était sa possession. Dupleix protesta le jour même en lui exprimant sa surprise d’un tel acte que lui ne se fut jamais permis sans l’informer au préalable de ses intentions. « Je ne puis concevoir, disait-il, quelle explication vous pourrez donner si le roi votre maître vous questionne à ce sujet. » Floyer se borna à répondre que le drapeau français n’avait jamais été arboré, et en effet il n’avait pas été arboré dans l’aldée elle-même, mais sur un tamarinier ; Devant le refus de Floyer de reconnaître ses torts, Dupleix se proposait de porter l’affaire en Europe,

  1. Floyer croyait encore si peu à cette époque au succès des Français, qu’à propos de cette retraite, il écrivait à Nazer j. : « Il ne leur [aux Français] reste présentement d’autre ressource que d’implorer votre protection. »
  2. Tiruvendipouram est aujourd’hui une localité de 3.500 habitants.