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Bien qu’ils fussent assez sceptiques sur la durée des succès de Dupleix, les Anglais n’en suivaient pas moins les étapes avec beaucoup d’attention :

« Les affaires, écrivaient-ils en substance à la Compagnie d’Angleterre le 18-29 octobre, sont plus embrouillées que durant la guerre, à cause des projets et artifices de M. Dupleix qui a pour nous une inimitié violente et ne peut s’empêcher de la témoigner, en commettant en sous-main des actes d’hostilité qui sont en réalité dirigés contre nous… Par les concessions que lui a faites Chanda S., il tient entièrement notre commerce en son pouvoir, il peut nous empêcher de nous approvisionner dans l’intérieur du pays et nous avons toute raison de croire, par ce qui est déjà arrivé, qu’il ne manquera pas d’user de ces avantages. — L’affaire de St-Thomé, où tout était combiné pour nous asservir, en est une preuve convaincante… Il appartient à la Compagnie de se plaindre de la conduite de M. Dupleix en ce qu’elle a de contraire à l’amitié qui doit être observée entre les deux nations ». — (Public. to England. Vol, n° 17).

Les Anglais étaient à ce moment fort occupés par la reprise de possession de Madras, réalisée seulement depuis le 1er septembre et par le règlement de certaines difficultés issues soit du zèle religieux de l’amiral Boscawen, soit de l’interprétation du traité. Sans cesser d’attacher de l’importance aux agissements de leurs rivaux, ils ne se croyaient pas encore autorisés à les contrarier directement. L’orage ne pouvait-il pas se dissiper de lui-même par quelques revers ou mésaventures de Dupleix ? Le siège de Tanjore qui commença peu de jours après leur fournit cependant l’occasion de nous donner un avertissement précis ; ils mirent à la disposition du roi quelques canonniers et il n’est pas douteux que ce secours contribua à faire durer le siège. Pendant ce temps, Nazer j.