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perdue ; par leur intervention ils ne pouvaient qu’attirer sur eux le ressentiment de Nazer j. et préparer leur propre ruine.

Le 3 novembre, on reçut avis à Goudelour que Mahamet Ali avait reçu l’investiture d’Arcate. Le Conseil estima que rien ne pouvait être plus utile à la Compagnie d’Angleterre, qui avait toujours montré un grand attachement aux intérêts du soubab et, dans son enthousiasme, elle lui vota un présent de 30.000 pagodes, pour lui être remis à son arrivée dans le Carnatic[1].

La reconnaissance de Mahamet Ali par Nazer j. était un fait important, si l’on admettait que le Carnatic relevât nécessairement du Décan ; elle lui donnait figure de prince légitime et Chanda S. comme Muzaffer j. n’étaient plus que des usurpateurs en dehors du droit des gens.

En même temps qu’il notifiait ce fait au Conseil de Goudelour, Nazer j. écrivait à Dupleix pour lui donner l’ordre de ne plus assister Muzaffer j., sous peine de destruction de nos établissements du Bengale et du Décan. Ainsi posée, la question ne pouvait manquer de creuser un abîme entre les Français et les Anglais, car il était évident qu’ils ne reconnaîtraient pas le même souverain légitime ou plutôt qu’ils n’entendraient pas de la même façon le principe de légitimité. Et c’est à vrai dire ce qui ne cessa de les diviser jusqu’à ce que la fortune ou le sort des armes eut tranché le différend.

  1. Dans une lettre du 8 décembre 1749. la cour des Directeurs à Londres recommandait au Conseil de Goudelour de ne pas faire à Nazer j. de présents « extravagants ». Le présent s’était élevé exactement à 20.518 pagodes. — « L’expérience, disait-elle, nous a appris qu’on doit avoir peu de confiance dans les puissances de l’Inde. » — (Public. From England. Vol. 53).