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considère à Goudelour comme engagés dans la pire des aventures. Les Anglais ne commencèrent à s’alarmer qu’au début d’octobre, quand Boscawen mit le conseil au courant des projets de Dupleix sur Saint-Thomé. D’après ce que l’amiral avait entendu dire, Chanda S. était résolu à vendre cette ville aux Français avec le pays environnant. On examina alors de plus près les titres de Chanda S. et l’on conclut qu’il n’était qu’un usurpateur, tandis que Mahamet Ali était le souverain légitime. Pour prévenir le danger qui menaçait Madras, Boscawen demanda à ce dernier le firman de Saint-Thomé et, par provision, décida d’occuper la place. Ainsi fut-il fait sans perdre de temps ; Saint-Thomé fut occupé et Mahamet Ali en donna le firman le 13 octobre.

Le voyage des princes à Goudelour devenait dès lors impossible ; du moins vinrent-ils à Pondichéry, où Dupleix leur fit une réception magnifique. Le Conseil de Goudelour ne s’en émut guère ; il savait vaguement que Nazer j. levait une armée, et il s’attendait à le voir déboucher prochainement dans le Carnatic, et anéantir en un instant toutes nos concessions. La nababie serait alors rétablie dans la branche légitime et les Anglais ne pourraient que tirer bénéfice de n’avoir pas prêté la moindre assistance à Chanda S., comme ils en avaient été sollicités. (Délibération du 11 octobre).

Aussi furent-ils plus décidés que jamais à s’appuyer sur Mahamet Ali, dans l’espérance que Nazer j. victorieux ferait à leur Compagnie des concessions avantageuses. Par deux fois, 13 octobre et 27 novembre, ils augmentèrent les renforts d’hommes et de munitions de Trichinopoly. Mahamet Ali ne doutait d’ailleurs pas lui-même de son propre succès, et il admirait les Français de soutenir la cause de Chanda S. ; c’était à ses yeux une cause