Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas nécessairement égoïste et exclusif et qu’un patriotisme avisé peut être humain, c’est-à-dire universel, sans cesser d’être rigoureusement national.

Étant connus ces sentiments et cet état d’esprit, arrivons maintenant aux rapports purement politiques que Dupleix eut avec les Anglais.

Lorsqu’en avril 1749, Floyer jugea à propos de déclarer la guerre au roi de Tanjore, celui-ci ne cessa point de nous réclamer des secours, suivant les promesses que lui avait faites le gouverneur Dumas. « Au cas que quelque ennemi veuille m’inquiéter, avait stipulé le monarque, vous m’aiderez de vos gens et munitions de guerre pour le détruire et nous promettons d’user de la même manière à votre égard. » Bien que la paix d’Aix-la-Chapelle ne fut pas encore officielle, rien ne put déterminer Dupleix à contrevenir à la suspension d’armes ; il ne voulut rien faire qui put porter atteinte à la politique de paix et d’amitié qu’il estimait devoir être pratiquée par les Européens dans l’Inde et il persista à observer une stricte neutralité. (V. Lettre à Saunders du 18 février 1752).

    croire que leur humeur sur cela nous arrêtât en si beau chemin. Je connais assez cette brave et estimable nation pour être certain que s’ils avaient une aussi belle balle à la main, ils la pousseraient jusque là où elle pourrait aller, sans s’embarrasser que cela déplut à leurs voisins. J’ai appris à estimer beaucoup Mrs les Anglais mais non pas à les craindre. C’est, je crois, celles de toutes les nations de l’Europe à laquelle, lorsqu’on a la raison et le droit de son côté, il est plus aisé de faire entendre raison, lorsqu’on y emploie beaucoup de fermeté, de résolution et qu’on leur montre les dents de bonne grâce, et au vrai ils ne sont jamais plus à craindre que lorsqu’on paraît les craindre. » — (Mémoire de St-Georges, de 1752. B. N. 9150, p. 185).

    Il est impossible de conclure avec plus de justesse.