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à Montaran, si « on trouve mon style un peu vif dans certains endroits, c’est un défaut que je dois à la qualité d’être trop bon français. Je devrais faire comme bien d’autres et me laisser écraser en voyant de sang-froid tout ce qu’il plaît à cette nation de faire contre nous[1] ».

Dupleix ne fut jamais un résigné ; jamais il ne consentit à baisser la tête devant l’étranger. Il savait que la modestie et la complaisance, ces succédanés de la peur, sont de mauvaises armes de combat. Ainsi qu’il l’écrivait à la Compagnie dès le 3 octobre 1750,


« la conduite des Anglais exige toute votre attention et celle de la cour. Ce qui se passe doit vous faire prévoir ce que l’on a à craindre pour la suite. Elle a réduit dans l’Inde la nation portugaise sous l’esclavage ; l’hollandais baisse le col et subira bientôt le joug ; elle souhaiterait nous soumettre aussi ; nous le sommes en partie dans quelques parties de l’Inde ; je tiens bon ici, Dieu veuille que l’on y soit toujours en état de repousser les tentatives. » (A. Col. C2 82, p. 329).

La politique traditionnelle et constante de l’Angleterre, comme celle que pourrait suivre la France, sont tout entières contenues en ces citations, qu’affaiblirait le moindre commentaire[2]. On pourrait croire, en les lisant, que

  1. Lettre du 9 novembre 1753. B. N. 9151, p. 74.
  2. À cette opinion de Dupleix sur les Anglais, nous croyons devoir ajouter celle de quelques-uns de ses correspondants ou contemporains, engagés dans la même lutte avec nos rivaux. La similitude de leurs sentiments est frappante et ce n’est pas toujours du côté de Dupleix que se trouvent les expressions les plus vives. — Nous ne procéderons que par citations sans lien entre elles.

    « M. de Leyrit connaît les Anglais et par conséquent s’en défie. Il est dans vos principes à cet égard. » — (Le P. Lavaur à Dupleix, 1755. B. N. 9165, p. 10).

    « Que puis-je dire de l’action des Anglais ? Cette nation ne veut