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à Chandernagor. Il s’associa plusieurs fois avec des Anglais dans des entreprises maritimes et conserva avec Hume, qui devint ensuite l’un des directeurs de la Compagnie de Londres, les rapports les plus amicaux. Les rivalités commerciales, qui divisent parfois les associés, ne furent jamais inspirées par un antagonisme de races.

Il fallut la guerre de 1744 pour tout modifier. Dupleix comptait que cette guerre, déclarée en Europe, pourrait ne pas être transportée dans l’Inde et il fit en toute sincérité à nos voisins de Madras, de Calcutta et de Tellichéry des propositions de neutralité. On ne lui répondit que par des déclarations évasives de mauvais augure et pendant que l’on discutait, nos vaisseaux étaient capturés dans les détroits de la Sonde. Ce fut une cruelle désillusion pour Dupleix ; entraîné à son tour dans la guerre, il détesta d’autant plus les Anglais qu’ils avaient déçu ses espérances.

La lutte qui se prolongea jusqu’à la fin de 1748 avec les sièges de Madras, de Goudelour et de Pondichéry ne permit guère de philosopher. La mauvaise paix d’Aix-la-Chapelle, où pour la première fois il ne fut pas permis à la France victorieuse de bénéficier de ses succès, ne rétablit pas la sympathie entre les deux nations ; elle accentua au contraire les animosités qui remontèrent à la surface comme une écume trouble et impure. Dupleix qui, tout autant que le roi, avait éprouvé ce que valaient nos ennemis, resta d’abord avec eux sur la réserve, mais lorsqu’il les vit, dès le lendemain de la bataille d’Ambour, prêter leur appui à Mahamet Ali, il les considéra à nouveau comme des hommes avec qui toute entente était impossible ; il ne se rendit pas assez compte qu’en s’opposant à ses desseins ils jouaient un jeu légitime et prévoyant.