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fer j. demanda à Dupleix un détachement français pour le conduire à Haïderabad. Il craignait que quelques-uns de ses sujets, notamment les trois nababs, ne lui fussent pas très fidèles ; avec une force étrangère il les retiendrait dans le devoir. Dupleix hésita un moment avant de s’engager dans cette voie nouvelle, qui pouvait être fertile en dangers ; mais dès le 5, son parti était pris ; il accepta. Le soubab reconnut aussitôt ce sacrifice par une nouvelle faveur. Outre la patente du gouverneur général du sud de l’Inde et la donation de Mazulipatam et dépendances qu’il nous confirma le même jour par actes authentiques, il donna encore un ordre pour que les pagodes fabriquées à Pondichéry eussent cours dans le Carnatic, à Mazulipatam et à Golconde. Il décida enfin que les revenus de la province d’Arcate, qui constituaient un tribut en sa faveur, lui seraient versés à Pondichéry. On ne pouvait nous témoigner plus de confiance.

Dupleix rendit un dernier service à Muzaffer j. en appelant à Pondichéry l’ancien ministre de Nazer j., Chanavas kh., dont l’influence était grande dans le Décan. Il le réconcilia, autant qu’il était nécessaire, avec son nouveau maître et le fit nommer mansebdar de 250 chevaux, avec un jaguir proportionné à sa dignité.

Muzaffer j. quitta Pondichéry le 7 janvier. Il ne leva toutefois son camp que cinq jours plus tard ; il attendait le détachement promis. Il n’entrait pas dans les intentions du gouverneur de manquer à sa parole ; encore lui fallait-il le temps de choisir ses troupes, les équiper et leur donner un chef, qui ne fut pas seulement un soldat. La mission qu’il aurait à remplir auprès de Muzaffer j. n’était pas moins politique que militaire ; il fallait, pour la mener à bien, être aussi fin diplomate que bon capitaine.

Pour ce choix, dont l’avenir n’allait pas tarder à