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L’après-midi du même jour, il y eut une nouvelle cérémonie pour l’installation de Muzaffer j. comme soubab. Ce prince confirma solennellement à Dupleix le gouvernement général du sud de l’Inde, et le nomma en outre mansebdar de sept mille chevaux, avec un revenu de 100.000 rs. ou 248.000 liv. à titre de jaguir sur l’aldée de Valdaour. Selon les usages du pays, Dupleix ne pouvait jouir de ces revenus que sa vie durant ; à sa mort, les terres devaient revenir au soubab, mais Dupleix prit immédiatement ses dispositions pour que la Compagnie regardât Valdaour et ses revenus comme un bien qui dût lui appartenir en propre. « Tous mes soins, lui écrivit-il le 15 février 1751, ne tendent qu’à vous former des revenus immenses dans cette partie de l’Inde et à mettre la nation en état de se soutenir quand même les secours d’Europe lui manqueraient ou seraient retenus, comme il n’est que trop arrivé dans la guerre d’où nous sortons. J’en connais mieux la peine qu’un autre ; tout le fardeau a été pour mon compte. »

Dupleix aimait assez les dignités, même celles qui étaient purement indiennes. Pour le nouvel an, Muzaffer j. lui fit cadeau d’un serpeau composé d’une robe à la maure, d’une toque et d’une ceinture avec le sabre, la rondache et le poignard qui avait été donné par Aureng-Zeb à Nizam oul Moulk. Dupleix se revêtit de suite de la robe, de la toque et de la ceinture et resta ainsi habillé toute la matinée.

Godeheu reprocha plus tard à Dupleix de s’être conformé avec autant de complaisance aux mœurs indigènes et d’avoir accepté des titres ou des fonctions qui ne rehaussaient pas notre prestige, puisqu’ils faisaient du gouverneur une sorte de subordonné du soubab. Il est certain que Dupleix, qui habitait le pays depuis vingt--