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distribuer à nos troupes et à nos officiers 400.000 rs. de gratifications, soit près d’un million.

Le règlement intervenu avec les nababs découragea les autres seigneurs qui n’attendaient que le succès de leurs réclamations pour en formuler d’analogues. À la demande de Dupleix, Muzaffer j. se contenta de leur accorder quelques grades et dignités et chacun parut satisfait. Le 30, dans l’après-midi, les nababs jurèrent sur le Coran en présence de Dupleix fidélité au soubab ; celui-ci jura de son côté de leur conserver leurs postes et dignités. Puis, le soir, dans une cérémonie magnifique, Dupleix prit Chanda S. par la main, le conduisit à Muzaffer j. et demanda pour lui la nababie du Carnatic. L’instant était solennel ; la réponse, probablement arrêtée d’avance, combla toutes les espérances de Dupleix. Muzaffer j. commença par lui donner le commandement de toute la côte depuis la Kistna jusqu’au cap Comorin ; le Carnatic rentrant dès lors dans sa dépendance, il ne tenait qu’à lui de le donner à Chanda S., s’il le jugeait à propos. Ce prince fut désigné sur le champ. L’octroi du commandement de cette vaste région n’entraînait pas de droit l’exercice de la souveraineté, ainsi que l’ont écrit presque tous les historiens ; Dupleix ne devenait en réalité que le lieutenant ou naëb du soubab ; celui-ci conservait le pouvoir éminent et pouvait à sa convenance retirer sa délégation. Mais combien de gouverneurs sont devenus plus puissants que les rois ! Combien de lieutenants ont pris la place de leurs capitaines ! Usant des nouveaux pouvoirs qui lui étaient conférés, Dupleix examina et signa, dès le lendemain, 31, 127 lettres de grâce et demandes de dignités formulées par des seigneurs maures et le soubab confirma ces signatures.