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par Dupleix et apportés par Vincens, son beau-fils. Un drapeau blanc les précédait. Muzaffer j. accepta le pavillon comme une marque de protection du plus grand roi du monde et le fit placer au centre de son camp. Puis il se mit en marche pour Pondichéry, où il arriva le 26 décembre.

Dupleix l’attendait à la porte de Valdaour. Le soubab se jeta à son cou, et comme des hommes réunis après de grands malheurs ils se tinrent embrassés pendant un petit quart d’heure, sans pouvoir dire un mot. Muzaffer j. versait des larmes de reconnaissance. Enfin il dit qu’il ne trouvait pas de termes assez forts pour exprimer ses sentiments ; ce n’était pas à lui mais à Dupleix qu’appartenait véritablement la dignité de soubab du Décan ; c’était de Dupleix qu’il tenait la place qu’il occupait ; il le priait très instamment de vouloir bien encore la régir et gouverner.

Ils entrèrent en ville dans le même palanquin et se rendirent au gouvernement où Muzaffer j. dîna avec les principaux seigneurs de sa suite. Les trois nababs n’arrivèrent que le lendemain et le même jour on commença à parler affaires. Muzaffer j., on s’en doute, n’était arrivé au pouvoir qu’en leur faisant des promesses très onéreuses : il s’agissait maintenant de les tenir ou de les éluder. Au cours d’une première conversation qu’ils eurent avec le gouverneur, accepté comme arbitre, les nababs renouvelant les prétentions qu’ils avaient exposées à Muzaffer j. lui-même après la mort de son oncle, demandèrent à la fois le partage des trésors de Nazer j. trouvés dans son camp, toutes les terres au sud de la Kistna pour être partagées entre eux par parties égales, sans en payer les redevances annuelles, enfin la remise des sommes qu’ils devaient au trésor depuis trois ans pour