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devant les propositions suprêmes de Nazer j., il avait au dernier moment paru hésiter à l’exécuter, la conclusion répondait trop aux buts de sa politique pour qu’il en regrettât beaucoup la forme violente et d’ailleurs conforme aux mœurs de l’Inde. Loin de là, ce furent à Pondichéry des réjouissances sans bornes : Te Deum, feux d’artifice, illuminations, rien ne fut oublié. Mais plus haut encore que tous ces bruits, résonnait au fond des cœurs la joie d’avoir abattu d’un coup la force la plus considérable de l’Inde du Sud. Avec notre triomphe et l’avènement de Muzaffer j., c’étaient 10 à 15 millions d’hommes qui devenaient les vassaux de la Compagnie. Nul événement de pareille importance ne s’était encore produit dans notre histoire coloniale et Dupleix pouvait être fier de ce résultat, dû à sa patience et à sa ténacité. Il touchait enfin au but qu’il poursuivait depuis dix-huit mois, assurer la paix en s’appuyant sur un souverain qui nous devait tout et ne pouvait manquer d’obéir à nos inspirations. L’année 1750 se terminait en une apothéose. Dupleix avait, il est vrai, compté sans les Anglais, dont la passivité depuis quelques semaines n’était pas absolument synonyme de résignation.

La nouvelle de la mort de Nazer j. fut connue à Pondichéry le jour même de la bataille, à quatre heures du soir. Sans tarder Dupleix envoya auprès de Muzaffer j. pour le féliciter une députation composée de St-Paul, Friell, Goupil et Brenier. Muzaffer j. leur fit un accueil empressé et déférent ; il se plut à reconnaître qu’il devait tout à Dupleix et que son royaume comme sa vie étaient entre des mains : pour mieux lui témoigner sa reconnaissance il était disposé à venir lui-même à Pondichéry lui présenter les hommages du Décan. Deux ou trois jours après arrivèrent six serpeaux magnifiques préparés