Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un courrier rapide pouvait aisément en une demi-journée aller de son camp à Pondichéry ; il était donc possible de tout régler en moins d’un moment. Ce n’était point l’affaire des conspirateurs qui risquaient de tout perdre par une entente. Aussi, avant même le départ des envoyés de Nazer j., firent-ils prévenir Latouche que l’heure de la décision avait sonné et que tous les signaux indicateurs de la révolte étaient prêts. Latouche, qui ne connaissait rien des nouvelles propositions de Nazer j., leva aussitôt son camp le 15 décembre, à quatre heures de l’après-midi et franchit dans la nuit les seize milles qui le séparaient du camp ennemi ; celui-ci était établi le long de la Cheyar, une toute petite rivière qui se jette dans le Paléar.

Les deux armées se trouvèrent en contact le lendemain vers deux heures du matin. D’après des calculs, les forces de Nazer j. s’élevaient à 45.000 fantassins, 45.000 cavaliers, 700 éléphants et 360 pièces de canon de divers calibres. Nous n’avions à leur opposer que 800 européens, 3.500 cipayes, 1.500 cavaliers et 30 pièces de canon. L’ennemi avait été prévenu de notre approche par ses avant-coureurs ; quoique étonné de notre audace, il nous attendait avec un certain ordre, autant qu’il pouvait y en avoir en un camp de six lieues de long.

L’action s’engagea aussitôt et la résistance de l’ennemi fut rude. Nazer j. avait placé en avant son artillerie, en arrière ses fantassins et sur les ailes la cavalerie. Latouche avait pris des dispositions analogues ; les cipayes et les cavaliers formaient nos deux ailes, tandis que les Français étaient comme à Trivady au milieu de l’armée, avec Villéon au centre, Bussy à droite et Kerjean à gauche. Latouehe surveillait l’ensemble des opérations.

On se battit pendant quatre heures avec le plus grand