Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gramme. Il se plaignait sans cesse de la goutte, et quand la pluie tomba, ce fut elle la grande coupable. Il parlait hautement d’abandonner la partie et de battre en retraite. « Raidissez vous, lui écrivait Dupleix, en lui faisant observer que Duquesne avait été pareillement incommodé par les pluies et qu’elles ne l’avaient jamais dégoûté. C’est dans ces conditions que l’on connaît le grand homme et qui peut mieux que vous l’être si vous le voulez et parvenir au plus haut degré de gloire. Mettez-vous bien une fois pour toutes dans la tête que si nous abandonnons une fois la partie nous sommes déshonorés. Je ne demande pas l’impossible, mais le possible. Poussez avec fermeté. »

Vaines paroles ; d’Auteuil souffrait réellement de la goutte et ne pouvait se mouvoir. Le 10 octobre, Dupleix l’invita à remettre le commandement à Latouche, et avec le commandement, le secret de toutes nos conventions avec les nababs. Le premier soin du nouveau chef fut de faire replier nos troupes sous les murs de Gingy, où elles trouveraient le cas échéant un point d’appui plus assuré contre les forces peu disciplinées mais plus nombreuses du soubab.

Plus d’un mois se passa encore dans l’inaction ; les pluies ne cessaient pas, et les mouvements de troupes toujours fort pénibles ne servaient qu’à jeter le trouble dans le pays et à faire fuir les populations. Enfin le ciel s’éclaircit, au début de décembre ; le moment d’agir était venu. Nazer j. eut sans doute peur de perdre la partie, car, en cet instant décisif où les destinées de son royaume étaient en jeu, il envoya de nouveau des négociateurs à Dupleix et lui fit toutes les concessions auxquelles il s’était jusqu’alors refusé : mise en liberté de Muzaffer j., cession de Mazulipatam, donation de la nababie d’Arcate à Chanda S.