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quitter Gingy et de s’avancer jusqu’à Chettipet. Dupleix recommandait seulement à d’Auteuil de ne pas laisser les chefs cipayes se livrer au pillage, et de payer tout le riz dont on aurait besoin, sans recourir à des réquisitions forcées. Toutes ces contributions, disait-il, ne servaient qu’à faire détester la nation.

La pluie qui commença à tomber le 22 et qui dura près de deux mois, interrompit presque aussitôt toutes les opérations, aussi bien de notre côté que du côté de Nazer j. ; de part et d’autre on ne pouvait pas avancer. Les deux armées étaient dans leurs campements, submergés par des averses qui tombaient en avalanches, entre des rivières et des étangs débordés, des champs détrempés et fangeux et des chemins bourbeux et impraticables. Les hommes ne sont tout de même pas des poissons, disait Dupleix, lorsque les nababs le pressaient de hâter la marche de nos troupes. Nazer j. ne leva son camp pour venir à notre rencontre que dans les premiers jours d’octobre ; il eut préféré retourner dans le Décan ; ce furent les trois nababs qui l’obligèrent à venir au devant de nous.

Tous les détails de la trahison furent alors arrêtés. Dupleix convint avec les nababs que le jour où les deux armées seraient en présence, un de leurs hommes arborerait un pavillon pour indiquer le point où nous devions attaquer. L’intention des conjurés était d’arrêter Nazer j. aussitôt que nos troupes commenceraient le feu. « J’ai leur serment et leur signature écrivait Dupleix à d’Auteuil les 7 et 9 octobre. Le complot est venu d’eux et non de moi… Quelle gloire si Muzaffer j. est délivré ! Les oppositions à la conclusion de la paix viennent d’eux. »

Ce ne fut pourtant pas d’Auteuil qui réalisa ce pro-