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pour l’assassiner[1]. À quoi bon s’entendre avec un prince voué à une mort prochaine ? Les nababs ne voulaient d’aucun accord ; était-il prudent de s’aliéner leurs sympathies et, éventuellement, leur concours ?

Aussi les négociations furent-elles de pure forme. Dupleix réclama pour Chanda S. la nababie d’Arcate et pour lui-même la ratification de la donation de Mazulipatam. Nazer j. eut probablement souscrit à ces concessions si Dupleix, reprenant ses propositions du mois d’avril, n’avait en même temps voulu que Muzaffer j. fut remis en liberté et réintégré dans tous ses domaines. C’était trop demander à Nazer j. ; il ne pouvait remettre à son neveu des armes qui probablement se retourneraient contre lui. Après quelques jours de pourparlers, on cessa toute conversation.

Sans juger trop sévèrement les motifs qui les firent échouer, on peut et on doit regretter que ces négociations n’aient pas abouti ; nous aurions sans doute obtenu toutes les terres que nous aurions désirées, sans que les Anglais eussent trouvé jour à nous contrecarrer et notre empire de l’Inde eut été constitué sur des bases solides. Quant aux nababs, nos alliés et nos complices, l’Inde est le pays de tous les accommodements ; avec quelque habileté il eut été facile de les rallier à la cause du soubab.

Dupleix s’appuya malheureusement trop sur ces futurs régicides. Ceux-ci jouaient un jeu dangereux ; leur complot pouvait être découvert d’un moment à l’autre ; aussi ne cessaient-ils de prier Dupleix de hâter la marche de ses troupes pour réaliser leurs projets au plus tôt. D’Auteuil reçut en conséquence le 17 septembre l’ordre de

  1. En principe, Nazer j. devait être tué au premier contact avec nos troupes et dans la confusion du début de la bataille.