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pas eux-mêmes ; c’est le plus souvent l’avenir, qui par la comparaison des résultats avec les difficultés apparentes d’une entreprise, en exalte la grandeur et en fait toute la magnificence. Nous n’avions eu que 10 hommes tués et 11 blessés ; les pertes de l’ennemi ne purent être dénombrées : dans une lettre du 15, Dupleix parle de 2000 hommes, — ce qui paraît exagéré.

Bussy, dont l’initiative avait tout déterminé, reçut dès le lendemain les félicitations les plus vives de Dupleix : « Vous méritez les plus belles récompenses, lui écrivit-il, et je n’oublierai rien pour vous les faire obtenir. » Cependant le gouverneur n’était pas encore convaincu de l’utilité de Gingy ; le 20, dans une lettre à l’ingénieur Sornay, il disait formellement qu’il n’avait pas l’intention d’y rester ; il ne comptait occuper la place que juste le temps de décider le nabab à conclure la paix, et il ne doutait pas que la rapidité et l’éclat de nos succès ne produisissent à Arcate une profonde émotion, favorable à ses projets.

Nazer j. fut en effet très troublé et deux ou trois jours après il envoya faire à Dupleix des propositions de paix. Mais à ce moment, telle était l’impopularité de Nazer j. qu’on ne pouvait en toute sécurité signer avec lui le moindre traité. Ses sujets lui reprochaient de plus en plus son insouciance pour les affaires de l’État et les trois nababs auxquels d’autres s’étaient joints s’étaient engagés avec Dupleix à profiter de la première occasion

    quelques mousquetades, la fuite. Dans moins d’une heure nous fûmes maîtres de tout. Les fuyards se retirèrent dans leurs forteresses placées sur deux hautes montagnes [le Chrischnaguiri et le Chandra Dourgam] que nous avions à dos et se défendirent encore quelque temps… Mais M. Law avec les dragons obligea bientôt ce reste d’ennemis à fuir et nous fûmes tranquilles possesseurs de Gingy et de tous ses forts… ».