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la cause de Mahamet Ali. Que lui importait après tout que ce fut lui ou Chanda S. le nabab d’Arcate ? La veille la fortune s’était déclarée pour les Français ; il n’y avait qu’à suivre ses inspirations : il ne sert à rien de contrarier le destin. Ainsi que l’écrivait fort justement Dupleix à Brenier, alors commandant de Gingy, le 16 septembre 1752 : « Quant à l’endroit par où on a escaladé la place, c’est qu’on a eu affaire à des gens qui voulaient bien se laisser prendre ; car ce qui était entré n’était pas suffisant pour peu que le gouverneur n’ait pas perdu la tête ». (Arch. Vers. 3751).

L’action parut également toute simple aux officiers qui y avaient participé. À lire le récit qu’ils nous en ont laissé, on ne croirait pas qu’ils venaient de se couvrir d’une gloire immortelle[1]. Mais peut-être n’y croyaient-ils

  1. Voici ce récit, malheureusement trop court, que signèrent conjointement au lendemain de l’action, comme une sorte de procès-verbal, d’Auteuil, Bussy, Law et Latouche :

    « Je (d’Auteuil) distribuai les troupes et je fis border en dehors la place par les cipayes. Je fis placer l’artillerie et les deux mortiers qui furent servis par M. Galland avec toute l’activité imaginable. Mrs de St-Georges, Véry et Lenormand furent commandés pour donner l’escalade à un des forts [le Raja Guiri] au coucher de la lune, ce qu’ils exécutèrent avec beaucoup de valeur. Puymorin et les dragons étaient destinés à soutenir ceux qui devaient attacher les pétards aux portes du fort principal, et que je devais forcer avec de la Touche et Bussy. Pendant ce temps, l’ennemi faisait grand feu de mousqueterie et de canon et jetait quantité de fouguettes. Nous avions déjà 6 hommes de tués et quelques blessés lorsque j’envoyai M. de Rouvray reconnaître la porte. Ce brave officier en se retirant reçut un coup de fusil au travers du corps dont il est mort le lendemain.

    « M. Law n’ayant rendu compte des dispositions, nous restâmes dans cette situation jusqu’au coucher de la lune qui était le signal pour agir de tous côtés. Cependant M. Galland accablait l’ennemi de grenades. Vers les 4 heures du matin j’entendis crier « Vive le roi ! » sur une des montagnes. C’était Mrs de St-Georges, Véry et Lenormand qui avaient exécuté ce dont ils avaient été chargés.

    « Je fis pour lors pétarder les portes de la citadelle principale qui renferme une assez belle ville. L’ennemi prit l’épouvante et, après