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Bussy autant pour l’honneur d’un coup d’éclat que pour l’utilité pratique de l’opération[1].

Dupleix croyait d’ailleurs que la ville pouvait être prise assez aisément ; il en connaissait la topographie exacte et tous les moyens de défense. Au mois de mars précédent, il y avait entretenu pendant quelques jours un sergent européen du nom de Saint-Marc avec 10 français, 20 topas et 50 cipayes[2] et, d’après ce qu’on lui avait dit, « il y avait plusieurs endroits d’abattus [sans doute dans la muraille] et surtout un où l’on pouvait entrer sans aucune difficulté ». Aussi ne voulait-il pas qu’on s’y livrât à un siège en règle comme à Tanjore. « La prise de Gingy n’est pas aussi difficile que l’on peut se l’imaginer… L’affaire doit se brusquer et je crois que les cipayes seuls peuvent faire cette affaire. » (Lettres à d’Auteuil des 11 et 12 septembre).

Bussy arriva en vue de la ville le 11 septembre à 9 heures du matin et campa à trois milles des collines. À peine était-il au repos qu’on lui annonça que Mahamet Ali, venant de l’ouest, était arrivé à Gingy et se trouvait déjà entre la place et nous. Après avoir erré pendant quelques jours dans la région de Tiroucocoliour et de Tirnamallé, le nabab avait rallié les débris de son armée et pu reconstituer une troupe encore imposante de 7 à 8.000 cavaliers, 2.000 fantassins, 1.000 cipayes anglais et 8 pièces de canon, dont tous les servants étaient des

  1. Le pic le plus élevé de Gingy est à environ 295 mètres au-dessus du niveau de la mer et se trouve lui-même de 125 mètres au-dessus du massif montagneux dont il se détache.
  2. Au moment où Nazer j. arriva dans le Carnatic, le quélidar de Gingy lui remit la ville sans la moindre difficulté et Saint-Marc fut invité avec beaucoup de courtoisie à retourner à Pondichéry où il arriva le 18 mars avec tout son détachement et 3.000 pagodes. Il ne fut nullement inquiété sur le chemin du retour.