Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

centre même de la chaîne des Ghattes entre le Paléar au nord et le Ponéar au sud, et par ses défenses naturelles qui sont peut-être, avec celles de Daulatabad, les plus fortes de l’Inde, elle commandait une immense région découverte tant à l’est qu’à l’ouest et son importance militaire pouvait devenir considérable.

Nous n’entreprendrons pas ici la description de Gingy ; elle a été faite maintes fois. Il nous suffira de dire que la ville elle-même d’une assez faible étendue était bâtie au pied de trois collines abruptes, disposées en demi-cercle, le Chandra Dourgam, le Rajaguiri ou roi des Montagnes et le Krischnaguiri. Le Rajaguiri était au centre ; c’était aussi la hauteur la plus escarpée ; elle se dressait presque à pic à 245 mètres au-dessus de la plaine et l’on n’y accédait que par une porte étroite percée dans un épais mûr d’enceinte. Cette porte franchie, il restait pour atteindre le sommet à passer par un sentier très resserré, — deux ou trois mètres à peine, — qui contournait une colline à l’est puis au nord en côtoyant des précipices. Une fois même, il aboutissait dans le vide et l’on ne rejoignait la partie supérieure que par un pont de bois de huit métres de long jeté au-dessus de l’abîme. Tout à fait en haut un temple, un réservoir d’eau alimenté par les pluies, un grenier d’abondance et des canons. Rien n’était plus facile à défendre, dut même la porte d’en bas être enlevée d’assaut. Quelques hommes résolus suffisaient pour arrêter ou repousser une armée entière dans le couloir étroit qui encerclait la colline. Bien gardée, la place ne pouvait être prise que par trahison ou par la famine. C’est ce roc pour ainsi dire inaccessible dont la conquête avait tenté

    525 habitants avec des restes de murailles et de monuments encore fort imposants.