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teuil de détacher Bussy avec 6 ou 7 officiers, 200 blancs, 50 cafres et la moitié des topas et des cipayes pour marcher sur Arcate via Villapouram et Gingy : cette opération n’ayant d’autre but que de faire pression sur Nazer j. pour le décider enfin à mettre son neveu en liberté. Depuis un mois, le soubab était en effet retombé dans ses irrésolutions ; sous la pression de ses ministres, il se refusait obstinément à délivrer aux Anglais le paravana de Ponnamalli et les trois nababs de Carnoul, Savannour et Cudappah, en rapports constants aussi bien avec Chanda S. qu’avec Mahamet Ali, l’empêchaient d’envoyer le moindre secours à nos ennemis. Ces intrigues nous servaient encore mieux que nos armes.

Bussy était le 5 à Villapouram. Dupleix ne songeait alors nullement à s’emparer de Gingy, dont il considérait la prise comme peu importante, attendu, disait-il, qu’ « il n’y avait rien du tout » dans cette place. Ce fut d’abord Bussy, puis d’Auteuil et Latouche, qui le décidèrent à en faire le siège : « Je n’eus jamais pensé, écrivit-il le 11 septembre à d’Auteuil et à Latouche, que l’on eut envié une telle expédition, mais enfin puisqu’elle vous paraît mériter votre attention, vous pouvez vous joindre quand il vous plaira avec Bussy et la faire tout comme vous voudrez. » Deux jours auparavant, il leur avait dit qu’il ne consentait à cette opération que pour « donner satisfaction » à Bussy (Arch. Vers. 3746). Ainsi fut résolue un peu au hasard cette mémorable entreprise qui resplendit encore aujourd’hui d’un lustre tout particulier dans nos annales coloniales.

Il se pouvait qu’il n’y eut plus rien dans la ville, dont l’importance politique avait singulièrement décrû depuis le commencement du siècle[1], mais par sa position au

  1. Gingy n’est plus aujourd’hui qu’un modeste village de