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importante pendant le mois d’août, mais de simples escarmouches entre nos cipayes commandés par Chek Assem et ceux de Mahamet Ali. Vers le milieu du mois, le nabab qui avait un instant remonté vers le nord dans la direction de Gingy, se replia tout d’un coup vers l’est et, se rapprochant de Goudelour, alla se poster entre Pondichéry et l’armée de Latouche. C’était une situation gênante pour nos communications et ravitaillements. Dupleix fît sortir d’Auteuil avec 200 blancs, quelques cafres et des cipayes pour escorter nos convois. Un évènement fortuit, analogue à celui du mois précédent, vint encore servir nos projets. Mahamet Ali se plaignait d’être secondé avec trop de mollesse ; les Anglais reprochaient de leur côté à Mahamet Ali de ne point leur donner les 3.000 rs. par jour qu’il leur avait promises et de trop tarder à leur délivrer les paravanas de la cession de Ponnamalli, attendus depuis le mois de juin[1]. La mauvaise humeur s’en mêlant, les Anglais abandonnèrent encore une fois Mahamet Ali et se retirèrent dans leurs limites, laissant le nabab à Karamangalom, sur le Ponéar, à quatre mille au nord de Trivady (27 août).

Privé de ses défenseurs européens, quelle résistance le prince pouvait-il nous opposer ? C’est alors qu’on vit bien ce que valaient les armées indiennes, réduites à leurs seules forces. Les troupes de d’Auteuil et celles de Latouche se réunirent dans la soirée du 31 août et le lendemain, dans l’après-midi, elles attaquèrent le nabab. Nous disposions d’environ 1.300 européens, 2.500 cipayes et 1.000 cavaliers ; l’ennemi avait 15.000 cavaliers et

  1. Les Anglais n’attendirent pas l’octroi de ces paravanas, qui n’eut lieu que le 5 janvier 1751 pour hisser leur drapeau sur Ponnamalli ; se contentant de la parole de Mahamet Ali, ils prirent possession de cette aldée le 5 août.