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revinrent ensemble à l’est du pays dans l’intention de nous chasser de Trivady. Dupleix, qui surveillait leurs mouvements, avait renforcé de 500 hommes le poste de Villenour et confié le commandement de nos troupes à Prévôt de Latouche. On s’attendait de part et d’autre à un engagement lorsque, le 23, les Anglais abandonnèrent soudain Mahamet Ali et rentrèrent à Goudelour.

Dupleix ne les y suivit pas. Soucieux d’observer la neutralité la plus absolue, il recommanda au contraire à Latouche (24 juillet) de ne pas pénétrer dans l’aldée de Tirouvendipouram, où ils avaient arboré leur pavillon. « Vous savez, lui disait-il, le respect que nous nous devons réciproquement sur nos pavillons. » Par réciprocité, il espérait que les Anglais ne viendraient pas nous attaquer à Trivady. Le 28, il recommandait encore à Latouche de respecter Mahamet Ali, tant qu’il serait sur les terres anglaises, « afin que les Anglais ne puissent pas dire que nous sommes à leur égard les agresseurs ».

La retraite de Cope n’avait été qu’un malentendu. Un navire venait d’arriver d’Europe apportant la nouvelle de la révocation du gouverneur Floyer et de son conseil. On crut à un changement de politique et en attendant l’arrivée du nouveau gouverneur, Thomas Saunders, alors chef de la loge de Vizagapatam, Lawrence avait jugé prudent de suspendre les opérations engagées. Cope fut suivi dans sa retraite par Mahamet Ali jusqu’aux limites mêmes de la loge anglaise, à Condour et à Pullal, où il campa[1].

  1. Malgré l’état de guerre existant en fait entre les Anglais et les Français, leurs rapports en campagne étaient loin d’être inamicaux. Ils se faisaient mutuellement des civilités toujours bien accueillies. Le 26 juillet, Latouche envoya à Cope quelques bouteilles de vin ; Cope lui fit passer en retour plusieurs bouteilles de bière et de vin