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ouverture dans le mur de sa chambre ; le jour qui se leva avant la fin du travail empêcha la réalisation de ce projet et Muzaffer j. fut tenu dans une sujétion plus étroite.

Il était impossible que le soubab, sans connaître expressément tous les attentats qu’on ourdissait contre lui, n’en eût pas quelque soupçon et ne cherchât pas à se défendre. S’il eut osé, il eut fait tuer Muzaffer j. ; l’assassinat est le procédé oriental de régler les difficultés ; mais le prince était populaire et Nazer j. craignit un soulèvement dont il serait ensuite la victime. Ne pouvant compter sur ses sujets, il ne lui restait plus qu’à solliciter ou accepter l’appui de l’étranger ; avec leur concours, il pourrait du moins tenir son entourage en respect ; on oserait moins attenter à sa vie ou à son pouvoir.

Mais à qui s’adresser ? Français et Anglais étaient également une menace lointaine pour son indépendance. Il ne pouvait songer à Dupleix à cause de sa fidélité à Muzaffer j. ; il écouta donc les propositions que lui firent à nouveau les Anglais. Ceux-ci n’avaient pas été sans comprendre le danger que faisait courir à leur établissement de Goudelour notre installation à Villapouram et surtout à Trivady, sans compter le rayonnement de notre influence jusqu’à Chilambaram et Elavanassour ; leur intérêt était de nous barrer la route. Il ne leur fut pas difficile de convaincre le soubab que leurs causes étaient identiques et moyennant la promesse d’un concours militaire, Nazer j. décida Mahamet Ali à se mettre enfin en campagne, ses cavaliers payés.

On était alors à la moitié de juillet : les vents de terre ont disparu et la température, quoiqu’accablante, est déjà moins chaude. Le capitaine Cope partit de Goudelour avec environ 700 européens et 2.300 cipayes et rejoignit Mahamet Ali à Tiruvennanallour ; de là, ils