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dar de Chilambaram commença à nous payer quelques contributions jusqu’alors obstinément refusées.

Mahamet Ali paraissait désireux de répondre à notre provocation, mais, faute d’argent, sa cavalerie ne voulut pas marcher et il dut provisoirement rester lui-même à Timery, un peu au nord d’Arni et de Vandischva ou Vandavachi. Quant à Nazer j., ses idées s’étaient peu à peu modifiées avec le recul des événements ; son animosité contre les Français s’était affaiblie et une entente avec Dupleix ne lui paraissait plus impossible. Il envisageait même comme d’une sage politique la mise en liberté de Muzaffer j. et la reconnaissance de Chanda S. comme nabab du Carnatic ; par crainte de Dupleix, il n’osait, malgré ses promesses, donner l’investiture de cette province à Mahamet Ali.

Ces concessions peut-être intéressées ne lui ramenèrent pas les sympathies de ses courtisans ni de son entourage. On lui reprochait de se consacrer au plaisir et à l’amour plutôt que de s’occuper des affaires publiques et son impopularité croissait de jour en jour avec sa faiblesse. Maintenant c’était sa vie même qui commençait à être menacée : les plus modérés parmi ses ennemis parlaient de le déposer ; les plus violents voulaient l’assassiner. C’était bruit courant dans l’armée et l’on en parlait à Pondichéry comme d’une chose toute naturelle. Dupleix entretenait avec soin tous les mécontentements.

Les uns et les autres n’attendaient pour agir qu’une occasion favorable. Le 26 juin, les trois nababs de Savanour, de Carnoul et de Cudappah refusèrent de payer un droit qu’on leur demandait et, comme le soubab insistait, ils le menacèrent ouvertement. Nazer j. s’inclina. Quelques jours après, d’autres seigneurs ayant entrepris de délivrer Muzaffer j. pratiquèrent durant la nuit une