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Ici notre loge était occupée par un nommé Coquet avec quelques pions et employés subalternes. Conformément aux ordres de son maître, le faussedar y pénétra sous prétexte de la faire visiter à son fils et, pendant qu’il détournait notre attention, il vint des troupes qui s’emparèrent de nos agents et les mirent en prison. Une contribution de 15.000 pagodes fut demandée à Coquet et une somme presque équivalente à nos marchands.

À Yanaon, l’opération fut un peu plus difficile. Lenoir, chef de notre comptoir, avait avec lui 60 à 70 cipayes. Avec ce faible effectif, il faisait mine de vouloir résister à l’ennemi, lorsque, pris de peur, il abandonna la loge et se retira dans l’une des îles qui forment l’embouchure du Godavery, et où il attendit les ordres de Dupleix. Coja Namet Oulla kh., maître de la ville, la fit raser et n’y laissa debout que les quatre murs.

Ces événements se passèrent en mai. Il était impossible à Dupleix de n’en pas tirer vengeance : notre prestige et notre autorité dans l’Inde en eussent souffert. Le gouverneur réunit le Conseil supérieur en comité secret et lui proposa, non seulement de reprendre possession de notre loge de Mazulipatam mais encore de nous y établir en maître, suivant la concession qui nous avait été faite par Muzaffer j. Ces conditions acceptées, il décida que deux bateaux de France qui, selon l’usage, devaient monter prochainement au Bengale, s’arrêteraient en passant à Mazulipatam et y déposeraient des troupes. Quand tout fut prêt, le d’Argenson et le Fleury, accompagnés d’une galvette, partirent de Pondichéry le 9 juillet avec 200 soldats, 150 cipayes et 10 topas sous le commandement du capitaine La Tour. Le conseiller Guillard, également embarqué, devait ensuite être le chef de la loge. Nos vaisseaux arrivèrent devant Mazulipatam le 13 et