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consentait cependant à laisser à ses enfants la jouissance de ses domaines. Nos envoyés répondirent en vain que si Muzaffer j. s’était soulevé, c’était parce qu’il était investi des pouvoirs réguliers du Mogol et que vraiment il ne pouvait faire autrement que de faire valoir ses droits.

La liberté de Muzaffer j. devint ainsi la base presque exclusive des pourparlers. Il eut peut-être été de bonne politique de ne pas trop s’attacher à la personne de ce prince qui venait d’abandonner notre cause dans des conditions douteuses ; Dupleix estima sans doute que tout ce qu’il avait fait jusqu’à ce jour au Carnatic reposant sur les droits qu’il tenait de lui comme représentant du Grand Mogol, il ne pouvait pas l’abandonner sans ruiner les bases mêmes de son pouvoir. Ce principe de légitimité, plus ou moins expressément défini, domina au fond tout le débat. Dupleix, tenu jour par jour au courant des négociations, ne tarda pas à s’apercevoir qu’on perdait son temps et il prescrivit à ses envoyés de rentrer à Pondichéry sans même prendre congé du soubab. Moitié sérieux moitié riant, Chanavas k. leur dit en partant qu’ils n’arriveraient à rien, s’ils ne revenaient avec une armée ; il était probable qu’alors le soubab offrirait de lui-même la nababie d’Arcate à Chanda S. Le 23 au soir, la mission était de retour à Pondichéry.

La guerre seule pouvait trancher le différend. Le surlendemain, nos troupes se mettaient en marche du côté d’Oulgaret. Ce fut l’occasion de nouvelles conversations aussi inutiles que les précédentes. Voyant qu’on n’aboutissait à rien, d’Auteuil prit le parti très aventuré de faire attaquer le camp de Nazer j. pendant la nuit par une troupe légère de 300 hommes seulement. L’opération