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16 avril, Dupleix proposa à Nazer j. de lui envoyer deux personnes de confiance pour causer avec lui de la paix ; le nabab répondit qu’il les recevrait avec joie. Et le 19 avril au matin, du Bausset et Delarche, les deux négociateurs désignés, partirent pour Valdaour avec une escorte de 50 cipayes et de 10 cavaliers et des présents tant pour le nabab que pour Chanavas kh. et Seyed Lasker kh., ses deux ministres.

Savaient-ils, ces modestes négociateurs, qu’ils portaient avec eux toute la fortune de Dupleix ? S’ils arrivaient à conclure avec Nazer j. un accord convenable, tout était sauvé, sinon il fallait s’en remettre au hasard ou au caprice des événements. À leur arrivée à Valdaour, ils furent reçus par Chanavas kh. et présentés au nabab le lendemain matin. Celui-ci leur fit bon accueil et les renvoya à ses ministres pour l’examen des affaires. On causa pendant trois jours francs sans pouvoir se mettre d’accord. Conformément aux instructions de Dupleix, nos envoyés demandèrent que Muzaffer j., prisonnier depuis le 5, fut rendu à la liberté et remis en possession de ses domaines. Il fut peu question de Chanda Sahib, dont le sort dépendait d’abord de celui de Muzaffer j. Les ministres n’étaient nullement hostiles à ce dernier ; ils étaient même secrètement de son parti. La consigne qu’ils avaient reçue du nabab était malheureusement formelle ; depuis qu’il avait son neveu à sa discrétion, Nazer j. considérait la guerre comme terminée et l’hostilité des Français comme l’amitié des Anglais lui étaient assez indifférentes ; pourvu qu’on ne vint pas l’attaquer dans le Décan, il n’avait aucune prétention sur Madras ou sur Pondichéry. Il n’en voulait nullement à la vie de son neveu, du moins il le disait, mais il tenait qu’à titre d’exemple sa rébellion ne restât pas impunie ; par pure bienveillance, il