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« Comme c’est le devoir de tout homme qui fait profession de chrétien de prévenir l’effusion du sang, comme tels nous vous écrivons la présente. Nous sommes ambassadeurs et plénipotentiaires extraordinaires pour le gouvernement et le conseil de Fort St-David pour la nation anglaise à la cour de Nazer j., prince incontestable de cette province et comme nous trouvons que les moyens de rendre la tranquillité à la province sont entièrement entre vos mains en faisant les concessions convenables au susdit prince que vous avez beaucoup irrité en donnant des secours au rebelle, comme amis sincères de votre nation nous nous offrons pour médiateurs. Si vous jugez à propos de nous honorer de vos ordres, nous resterons à cette cour jusqu’à ce que la paix soit rétablie dans la province sur des fondements fermes et durables… »

Dupleix répondit sèchement le 13 avril :

« Nous avons reçu la lettre que vous nous avez fait l’honneur de nous écrire. Nous vous remercions des offres que vous voulez bien nous faire. Nous sommes très parfaitement… »

Autant valait la médiation d’un portefaix ou d’un balayeur, dit-il à Ananda en guise de commentaire. (Ananda, t. 7, p. 34 et 40).

Restait l’entente directe avec Nazer j. Ce prince n’avait pas répondu à la lettre de Dupleix du 3 avril, non plus qu’à deux ou trois autres après cette date ; il ne les jugeait pas assez déférentes ni assez polies, disaient ses conseillers. Bien que Dupleix eut eu soin, en l’une d’elles, de dire que c’était pour donner plus de gages de ses intentions pacifiques qu’il avait rappelé ses troupes, on n’était pas dupe de cet euphémisme, qui masquait la mauvaise conduite de nos officiers. Notre heureuse retraite ne permettait toutefois à personne de dire que nous avions été vaincus et dans l’armée du nabab notre prestige avait peu fléchi. Dans une lettre plus étudiée du