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leurs bataillons en carré et, loin de se laisser entamer, ils faillirent au contraire surprendre Morarao. Quelques officiers anglais furent vus accompagnant et encourageant l’ennemi.

Dupleix avait appris de grand matin l’arrivée des officiers déserteurs et les avait fait aussitôt emprisonner. Lorsqu’il connut notre retraite par Bussy, accouru en toute hâte, il se transporta à la blanchisserie au devant de nos troupes et les félicita de leur courage. Nous n’avions eu qu’une soixantaine d’hommes tués dont 19 européens, et l’ennemi en aurait eu 4.000. Nous avions perdu 7 canons ainsi que toutes nos tentes.

« Le coup était frappant, écrivit Dupleix à la Compagnie, mais il ne m’accabla pas et après diverses réflexions qui m’affirmèrent dans la juste nécessité de ne point montrer de faiblesse, je pris le parti de m’adresser à Nazer j. »

Il commençait à se rendre compte de la faute qu’il avait commise en n’écoutant pas ses ouvertures quelques semaines plus tôt, et il regrettait davantage encore la désertion de nos officiers, car sans elle la paix eut été sans doute signée le lendemain. Était-il encore possible de reprendre les négociations sur les bases dont on parlait les jours précédents ?

Nazer j. ne paraissait nullement aveuglé par ses succès ; après notre départ, il s’était installé à Valdaour et ne parlait que de retourner en ses états où les Marates avaient pénétré. Ce n’étaient pas des dispositions franchement hostiles. Est-ce sur son inspiration que les Anglais nous offrirent alors leur médiation (10 avril) ? Dupleix reçut ce jour-là la lettre suivante de Lawrence et de Westcote, celui-ci accrédité auprès de Nazer j. par le gouvernement de Fort St-David.