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le lendemain à Pondichéry, laissant entendre que tout s’était arrangé. En réalité les dispositions des officiers restaient les mêmes.

Pendant qu’elles ne s’étaient pas encore manifestées par un acte de révolte effectif, Dupleix crut prudent de brusquer les négociations avec Nazer j. ; c’était le meilleur moyen de conjurer le danger. D’après les bruits qui couraient, ce prince était disposé à donner en jaguir à son neveu tout le sud du Décan jusqu’à la Kistna et à consacrer Chanda S. comme nabab d’Arcate, tandis que Mahamet-Ali resterait à Trichinopoly. C’étaient des conditions acceptables. Dupleix écrivit donc au nabab dans la soirée du 3 avril une très longue lettre, dans laquelle il lui disait, en substance, que ce n’est pas à lui qu’il faisait la guerre, mais à la famille d’Anaverdi Kh., notre ennemi depuis 1745, qu’il ne pouvait souffrir qu’elle rentrât en possession du gouvernement du Carnatic et que si Nazer j. voulait adopter ce point de vue, la paix était facile ; tout serait réglé en une conférence.

Le nabab reçut cette lettre le lendemain, vers midi ; il assembla sur le champ ses principaux officiers et le résultat du Conseil fut favorable à une entente. Ce fut alors que se produisit l’événement qui compromit tout : nos officiers désertèrent dans la soirée. L’ennemi s’était rapproché de notre camp et l’on avait passé l’après-midi à se canonner de part et d’autre, sans s’infliger mutuellement des pertes sérieuses : les Maures toutefois avaient été les plus éprouvés. Pensant que le combat pouvait reprendre le lendemain et serait sans doute plus sérieux, treize officiers quittèrent le camp à la tombée du jour et se sauvèrent à Pondichéry, où ils arrivèrent le lendemain matin au cri de : « Marates, voilà les Marates ! »