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se livrer à une guerre véritable et continue, presque toujours stérile et un moment désastreuse, tandis que dans le Décan, où il fut soutenu par un véritable homme d’État, le marquis de Bussy, il parvint presque sans combat à établir notre influence sur un pays équivalent en superficie à la moitié de la France. La constance de nos succès en cette province atténua la mauvaise impression produite par nos échecs ou nos revers dans le Carnatic, mais ne put empêcher la chute de Dupleix, due principalement à la capitulation de Law à Trichinopoly. Dans la balance de l’histoire, ce sont cependant les succès qui l’emportent ; car, même dans l’adversité, Dupleix fit preuve d’une force d’âme et d’une ténacité de caractère qui ont été rarement égalées et ces qualités seules suffiraient à l’imposer à l’admiration ; elles manquent le plus souvent aux hommes publics.


Mais, avant d’entrer dans le récit de ces événements dont quelques-uns confinent à une réelle grandeur, il nous paraît indispensable, si aride que puisse être le sujet, d’indiquer avec quels moyens financiers et militaires Dupleix engagea, développa et soutint la politique nouvelle qu’il inaugura en 1749 Dupleix se doutait bien, par tous les précédents, que la Compagnie et le ministère n’entreraient pas dans ses vues et nous verrons dans un prochain volume, où nous discuterons sa politique, pour quels motifs la Métropole, représentée par ses gouvernants, crut devoir s’attarder dans les formules du passé, malgré les premiers succès qui nous ouvraient sur l’avenir des horizons insoupçonnés. Aussi, ne pouvant prévoir jusqu’où les événements l’entraîneraient, ne voulant pas exposer à la Compagnie des projets encore mal définis, de peur d’en compromettre le succès,