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retard de solde, menaçaient de faire un mauvais parti à leur chef Muzaffer kh. ; il fallut l’arracher de leurs mains. Quant au siège lui-même, soit que le moral des troupes fut mauvais soit pour tout autre motif[1] ; il ne fut pas poussé avec vigueur, les instruments nécessaires pour l’attaque nous manquaient et l’ennemi se défendit beaucoup mieux qu’on ne l’eut cru. Un certain nombre d’Anglais et de Hollandais, enfermés dans la place servaient les assiégés et entretenaient leur courage. Une fois encore, Chanda S. avait demandé qu’on ne prît pas la ville d’assaut ; ainsi nul progrès n’avait été fait fin février ni au début de mars. Ce fut en vain que Dupleix pressait d’en finir avant l’arrivée de Nazer j. ; l’ardeur et la confiance de ses alliés ne répondaient nullement à son impatience. Goupil malade passa le commandement à Latouche à la fin de février et se retira à Karikal. Aussi, ce qui devait arriver arriva. Le 2 ou le 3 mars, Nazer j. continuant lentement mais sûrement sa marche vers le sud, arriva aux passes de Changama. Il écrivit aussitôt à Dupleix pour l’inviter à rappeler ses troupes de Tanjore et à ne plus s’occuper que de nos propres affaires : Dupleix lui répondit par le même courrier que s’il voulait sincèrement la paix, elle était entre ses mains.

Quelles sommations furent faites à Tanjore ? nous l’ignorons ; mais dès qu’on y sut que Nazer j. était sur la route de Tirnamallé et de Gingy, ce fut une consternation générale ; les chefs eux-mêmes ne résistèrent pas à la peur et, dans une panique désordonnée, voilà les

  1. Les détails de ce siège ne se trouvent dans aucune correspondance ni rapport. — On sait seulement que le 19 février, dans une attaque assez sérieuse, Law reçut une blessure grave qui lui fit perdre un œil.