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Les trois jours se passèrent sans que le rajah prit la moindre résolution ; il lui répugnait surtout de se dessaisir des 81 aldées de Karikal dont nous avions déjà pris possession ; ce procédé le choquait dans sa dignité de souverain.

Aucune réponse n’étant arrivée le 23, Duquesne fit tirer le canon et jeter dans la ville cinquante bombes et trente grenades royales, qui firent assez de dégâts et tuèrent plusieurs personnes. Une nouvelle ambassade envoyée le même jour ne réussit pas mieux que la précédente, bien que Chanda S. eût consenti à ramener ses exigences personnelles à 75 lacks. La question des aldées fit encore tout échouer. On continua de se battre et de causer pendant trois jours encore, sans arriver à aucun résultat décisif. Chanda S. persistait à s’opposer à un assaut qui lui eut livré la ville mais l’eut mise au pillage. Le 28 enfin, Duquesne se résolut à s’emparer d’une des portes, afin de forcer le rajah autant que le nabab lui-même à prendre un parti. Chanda S. fit alors savoir à Prapatsing que s’il ne cédait pas sur la question des aldées, c’était son royaume tout entier qui serait aliéné au profit de la Compagnie de France. Cette menace autant que l’imminence d’une entrée des Français dans la ville, fit enfin tomber les résistances. Par traité du 31 décembre, le rajah consentit enfin à ratifier la cession des 81 aldées, l’abandon de notre dette annuelle et s’engagea à payer à Chanda S., 70 lacks dont 15 comptant ; 200.000 roupies de gratifications furent en outre promises aux troupes françaises qui avaient participé à l’expédition. Copie du traité et des paravanas relatifs aux aldées fut aussitôt expédiée à Dupleix.

Il est douloureux d’ajouter que l’homme à qui nous devions ce résultat, le capitaine Duquesne, épuisé par les