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Revenons à Chanda Sahib. Voilà enfin l’armée sous les murs de Tanjore ; nous sommes au 7 décembre. La ville bâtie dans une plaine ouverte de tous les côtés était protégée par une forte muraille, suffisante pour l’époque mais nullement imprenable. Le rajah, ayant refusé de la livrer, Duquesne voulait qu’on l’attaquât sans désemparer. Chanda S. s’y opposa ; il craignait qu’une prise d’assaut n’exposât la ville au pillage et ne dispersât les gages qu’il espérait y trouver. Il préféra engager des pourparlers. Pensant intimider le rajah, il fit promener pendant plusieurs jours ses soldats autour des murs, afin de donner l’illusion du nombre et de la force. Encouragé par un brame qui lui promettait l’appui imminent des Anglais et de Nazer j., le rajah se rit de ces démonstrations et répondit aux propositions de Chanda S. à la façon indienne, c’est-à-dire par des phrases polies dépourvues de toute signification véritable. On tirait pendant ce temps du haut des remparts quelques coups de canon inoffensifs. À la fin Duquesne impatienté se résolut à agir lui-même, et, sans prévenir Chanda S., il alla dans l’après-midi du 18 décembre forcer trois grands retranchements qui défendaient les approches de la ville ; ce résultat obtenu, il établit deux batteries à cinquante toises des murailles, comme pour y ouvrir une brèche ; en même temps il fit savoir à Chanda S. qu’il prenait et gardait la direction exclusive des opérations et des négociations. Devant cette attitude, le rajah nous envoya des ambassadeurs dès le lendemain matin. Après entente avec Chanda S., on lui demanda 100 lacks de roupies pour le nabab et pour nous la confirmation des 81 aldées de Karikal et la remise de notre tribut annuel de 2.000 pagodes. Trois jours francs étaient donnés à Prapat sing pour accepter ces conditions.