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changement de destination. Chanda S. avait promis de lui céder et de nous faire confirmer par le roi de Tanjore la propriété de 81 aldées nouvelles autour de Karikal et de renoncer au droit annuel de 2.000 pagodes qui nous avait été imposé en 1738, au moment de nos premières acquisitions. Ces avantages immédiats étaient assez considérables pour qu’on pût un instant négliger Mahamet Ali.

Sans attendre l’issue de l’expédition, Chanda S. nous céda en effet les 81 aldées qu’il avait promises, dont 31 dans le paragana de Tirnoular, 29 dans celui de Nedouncadou, 8 dans celui de Cotchéry et 13 dans celui de Nella Elindour. Leriche, notre commandant à Karikal, en prit possession dès le 18 décembre. Le lendemain, on lui en offrait 40.000 pagodes de fermage annuel.

Par cette cession, qui à cinq mois d’intervalle complétait celles de Villenour et de Bahour dans le territoire de Pondichéry, notre domaine de l’Inde se trouva constitué tel qu’il est encore aujourd’hui à la côte Coromandel, où il ne représente pourtant qu’un chiffre presque insignifiant de 42.660 hectares, avec une population de 250.000 habitants. C’était loin de constituer ce qu’on appelle un empire, mais après être resté si longtemps en des limites étroites, qui constituaient moins un domaine qu’une prison, c’était enfin un peu d’air, de lumière et de vie qui allait circuler en nos modestes établissements.

L’année 1749, rompant avec une longue tradition d’humiliations et d’exactions, s’achevait vraiment pour nous en un concert harmonieux d’espérances et d’heureuses réalités. C’est à peine si dans le lointain on entendait la note discordante que murmuraient déjà les soldats d’Angleterre.