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s’engager et pour l’engager elle-même dans une voie qui supposait plus d’audace que de connaissance réelle des difficultés. Contrairement aux ordres constants de la Compagnie, il crut pouvoir intervenir dans les querelles des princes de l’Inde de son voisinage et, comme ils lui témoignèrent leur reconnaissance par la cession de territoires considérables, il inquiéta les Anglais qui se sentirent menacés dans leur commerce et prirent à leur tour parti pour les princes qu’affectait notre nouvelle politique. Il se fit ainsi une guerre indirecte entre les deux nations sous le couvert de leurs partisans respectifs, guerre cependant effective où les troupes européennes combattirent les unes contre les autres, se tuant du monde et se faisant des prisonniers. Lorsque l’affaire fut engagée de part et d’autre, les états intéressés d’Europe se trouvèrent impuissants à l’arrêter par des conseils ou par des ordres et il fallut un coup d’autorité pour réagir. Malheureusement, c’est contre nous que le coup fut porté.

Dupleix ayant, après vingt-sept ans d’attente, d’étude ou de résignation, trouvé enfin une carrière qui convenait à son génie, ce fut sur deux terrains principaux qu’il exerça son activité, le Carnatic et le Décan. Le premier pays n’était en réalité qu’une dépendance politique du second, mais les actions qui se passèrent dans l’un et dans l’autre sont si différentes et les deux contrées sont géographiquement si distinctes que, pour la bonne intelligence des événements, il y a lieu de les traiter séparément.

Nous pouvons d’ailleurs dès maintenant donner une physionomie générale des faits en disant que dans le Carnatic, où il ne trouva pour le seconder que des chefs militaires de peu de valeur ou d’initiative, Dupleix dut