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de Noronha, de son nom religieux P. Antoine de la Purification, portugais d’origine et parent éloigné de Mme Dupleix. À la suite de la bataille d’Ambour, le P. Antoine avait de sa propre autorité fait arrêter l’amaldar dévoué à Anaverdi kh. et s’était fait proposer lui-même à Chanda S. pour le remplacer. L’influence de Mme Dupleix décida de sa nomination contre un beau-frère d’Abd-er-Rhaman, chef de nos cipayes. Le P. Antoine ne jouit pas longtemps de son triomphe. Des correspondances interceptées révélèrent aux Anglais qu’il n’agissait qu’au nom de Dupleix. Il devait, semble-t-il, construire un fort, puis appeler les troupes françaises et leur livrer la ville. Devant ces révélations, le parti de l’amiral et du gouvernement de Fort St-David fut vite pris ; considérant que les droits des Portugais étaient périmés par leur long abandon et ne voulant plus se souvenir que deux mois auparavant ils avaient reconnu Chanda S. comme nabab du Carnatic, ils se mirent en rapport avec Mahamet Ali, et en obtinrent un firman qui leur donnait St-Thomé. Muni de cette pièce, Boscawen envoya aussitôt 300 hommes à Mylapore. Ce ne fut qu’un jeu de se saisir du P. Noronha et de l’embarquer sans tarder sur un des vaisseaux que Boscawen ramenait en Angleterre. Et le pavillon britannique fut hissé sur la ville au nom de Mahamet ali.

Chanda S. adressa pour la forme une protestation aux Anglais ; il lui importait beaucoup plus d’abattre d’abord Mahamet Ali. Le marquis d’Alorna, vice-roi de Goa, protesta également au nom des droits anciens du Portugal, : le drapeau anglais flottait sur St-Thomé, il y resta. Quant à Dupleix, il ne pouvait que s’incliner en maugréant contre le mauvais sort qui avait anéanti ses